Détournement au CE de Disneyland : l’instruction accable Amadou NDIAYE
En quatre ans, près d’un demi-million d’euros a
disparu des caisses du CE, l’organisme chargé des œuvres sociales des
employés du site, notamment en distribuant des chèques cadeaux et des
billets à prix réduits (lire notre encadré).
Selon le magistrat, Amadou N’Diaye, ex-secrétaire général CGT
du CE, « apparaît incontestablement comme l’instigateur et le principal
bénéficiaire » de ces détournements, opérés avec la complicité de
Raymond Myon et Houda Gaabour, anciens coordinateurs. Tous les trois
sont mis en examen depuis 2010.
Entre 2006, année où Amadou
N’Diaye a été élu à la tête de cet organisme, et 2009, « les
investigations ont mis en évidence des pertes sur la billetterie du
comité d’entreprise de l’ordre de 413 000 €, le montant des espèces non
déposées en banque se chiffrant à 99 000 € pour la seule année 2009 ».
Or, plusieurs témoignages pointent l’ex-patron du CE comme le seul à
pouvoir détourner cet argent. Ainsi, des caissières racontent que,
chaque soir, elles devaient remettre leurs fonds de caisse à Amadou
N’Diaye. Parallèlement, Raymond Myon avait pour mission de modifier les
recettes dans le logiciel comptable, qu’il était le seul à maîtriser. Et
selon un expert-comptable prestataire du CE, Amadou N’Diaye s’était
opposé à l’évolution du système de traçabilité des mouvements de caisse.
Qu’est
devenu cet argent ? Le juge d’instruction note des mouvements
conséquents sur les comptes personnels d’Amadou N’Diaye, crédités de 284
428 € entre 2006 et 2011, dont 35 000 € en numéraire. Ce qui ne colle
pas avec les 570 € mensuels déclarés par l’homme lors de ses auditions !
Par
ailleurs, lors des perquisitions chez l’ex-secrétaire général CGT du
CE, les policiers ont trouvé une enveloppe contenant 366,80 €, avec la
mention « Caisse Steph (NDLR : l’une des caissières du CE) »,
ainsi que cinquante chèques cadeau. D’autre part, quinze mandats cash
ont été envoyés au Sénégal, son pays d’origine, pour une somme totale de
plus de 66 000 €.
Autre témoignage troublant : lorsque les
soupçons de malversations sont apparus, dès 2009, Houda Gaabour aurait «
fait le ménage » dans le bureau d’Amadou N’Diaye alors qu’il séjournait
au Sénégal.
La
société exploitante des parcs d’attractions, hôtels, restaurants et
boutiques, octroie au comité d’entreprise 0,2 % de sa masse salariale
pour le budget de fonctionnement.
De son côté, Me Cyril Gosset, avocat
d’Amadou N’Diaye, estime que cette instruction a été menée à charge. «
Il y a eu des dysfonctionnements au sein du CE, c’est une évidence,
reconnaît-il. Mais à aucun moment ils n’ont bénéficié à mon client. »
Sur les mouvements importants apparus sur le compte de celui-ci, Cyril
Gosset explique qu’il s’agit de « crédits renouvelables » souscrits par
son client « en situation de surendettement ». Et d’attaquer à son tour,
assurant que « les dysfonctionnements au CE datent de 2002, alors
qu’Amadou N’Diaye n’était pas en poste ! » Selon lui, le cerveau de ces
détournements n’est pas celui qu’on croit : « Raymond Myon a acheté
plusieurs biens immobiliers, les revendant peu après en faisant une
importante plus-value (NDLR : cinq logements entre 2 004 et 2 010), poursuit l’avocat. Comment a-t-il pu payer ? »
Quant
à la direction d’EuroDisney, elle « ne commente pas une procédure qui
n’est pour l’instant pas achevée », eu égard à la présomption
d’innocence dont bénéficie notamment Amadou N’Diaye, toujours employé
dans un hôtel du parc. Reste que certains s’interrogent : comment
EuroDisney n’a pas pu se rendre compte de malversations qui durent
depuis 2006 ? Un porte-parole répond : « Le comité d’entreprise est un
organe indépendant. Dès que des soupçons ont été soulevés, l’entreprise
et le président du CE ont demandé plusieurs audits indépendants des
comptes couvrant la période de 2002 à 2010. Cette affaire est toujours
en cours et l’entreprise s’est portée partie civile ».
Source : www.leparisien.fr
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