Les cadres de plus en plus stressés
Ambiance dégradée, relations difficiles et peur de la précarité :
la crise met les cadres sous pression selon une enquête exclusive
Cadremploi pour le JDD.
Les plans sociaux qui se succèdent ont presque
fait oublier les sondages sur le stress des salariés, a fortiori des
cadres. Moins menacés par le chômage que le reste de la population
active - seulement 4% d'entre eux sont touchés - ils résistent plutôt
mieux à la récession. Pas au mal-être au travail. C'est le résultat
d'une enquête Cadremploi que dévoile le JDD. Selon ce sondage
récent auprès d'un échantillon de 3.061 cadres en poste, 75% considèrent
que l'ambiance dans leur entreprise s'est dégradée. En raison de la
conjoncture économique (42%), de la mauvaise santé de leur entreprise
(29%) et de la crise subie par leur secteur (29%).
Conséquence,
92% des cadres ayant constaté une dégradation de l'ambiance au travail
se disent stressés. "Nous sentions depuis plusieurs mois un malaise à
travers les commentaires déposés sur notre site ou nos pages de réseaux
sociaux. Il y a beaucoup d'interventions sur la détérioration des
relations humaines, y compris avec les collègues de travail", remarque
Sylvia Di Pasquale, rédactrice en chef de Cadremploi. Le phénomène
toucherait tous les secteurs d'activité, jusqu'aux plus épargnés par la
crise, selon Jean-Claude Delgenes, fondateur de Technologia, un cabinet
spécialisé dans les risques professionnels. "Tout le monde est sur le
qui-vive, dans une logique d'autopréser- vation et de précarité
intégrée. L'onde de choc des plans sociaux a été très violente", dit-il.
Des DRH sans réponses
L'enquête
mesure aussi l'impact de la déflagration. Parmi les cadres se déclarant
stressés, 95 % sont prêts à chercher un emploi ailleurs et 36% à
envisager une reconversion. Pour évacuer le stress, ils compensent en se
tournant vers leurs proches (47%) ou le sport (41%). Ils sont 25% à
avouer consulter un professionnel (psychothérapeute ou coach) et près de
20% à fumer ou à boire davantage. Aucun n'identifie l'entreprise et les
directions des ressources humaines comme aptes à apporter des réponses.
"Les logiques de court terme – faire du chiffre – mettent de plus en
plus les cadres sous pression. Les entreprises ne font pas du bien-être
au travail une priorité", analyse Sylvia Di Pasquale.
Pour
Jean-Claude Delgenes, les DRH ont perdu la fonction de régulation
sociale qui leur était reconnue. "Elles se concentrent sur la
préservation des salaires. On leur demande de gérer l'urgence et les
plans sociaux, souligne le président de Technologia. Même, les
dispositions sur la prévention des risques psychosociaux, introduites en
2009, ont été mises sous la pile."
Source : www.jdd.fr
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