Publié le lundi 12 mars 2018 à 10:05  

DISNEY­LAND DERRIÈRE LA FÉÉRIE, LA GRANDE MISÈRE DES EMPLOYÉS

Dans le parc cali­for­nien, se cachent des milliers de travailleurs pauvres, inca­pables de se loger ou de se nour­rir correc­te­ment. Une vie loin du monde enchanté de Disney.

« Durant la jour­née, je suis une personne souriante et radieuse », confie Glynn­dana Shev­lin, une employée d’un restau­rant de Disney­land Resort en Cali­for­nie. « Mais le soir, quand je quitte mon travail pour aller dormir dans ma voiture, je rede­viens quelqu’un de triste, vivant dans l’in­cer­ti­tude du lende­main ». Pour la plupart des 30 000 employés de Disney­land Resort, le deuxième parc Disney le plus fréquenté au monde derrière celui de Floride, Disney ne rime pas avec enchanté. Depuis 2000, leurs salaires ont dimi­nué de 16% si on prend en compte l’in­fla­tion. Plus de la moitié gagnent mois de 12 dollars de l’heure, à peine au dessus du seuil de pauvreté, révèle une enquête du Los Angeles Times. 

Un employé sur 10 est ou a été sans-abri

Marchands de souve­nirs, agents de propreté, gardes de sécu­rité, costu­miers, person­nages de parades, musi­ciens, serveurs de restau­rants ou vendeurs de tickets… Les petites mains de Disney­land forment une énorme masse de travailleurs sous-payés, ayant à peine de quoi survivre. Un employé sur 10 est ou a été sans-abri ces deux dernières années, rapporte le Los Angeles Times. Ils dorment sur des bancs publics, squattent chez des amis ou sont héber­gés dans des centres d’ac­cueil. Deux tiers des sala­riés n’ar­rivent pas à manger à leur faim et 43% n’ont pas les moyens de se payer des soins dentaires. Un comble pour des employés censés affi­cher un large sourire toute la jour­née.

« Je ne mange plus que deux repas par jour pour écono­mi­ser de l’argent »

A cette préca­rité finan­cière s’ajoute l’ins­ta­bi­lité sociale. La moitié des sala­riés travaillent à temps partiel. A peine 28% ont un emploi du temps fixe. 22% voient leurs horaires chan­ger « au dernier moment » et plus de la moitié des parents avec des enfants en bas âge doivent jongler avec un plan­ning erra­tique, sans aucun moyen de garde à leur dispo­si­tion. « Je travaille 30 à 40 heures par semaine, mais je cherche un deuxième job pour payer mes factures », témoigne une employée de fast-food. « Je ne mange plus que deux repas par jour pour écono­mi­ser de l’argent », assure-t-elle. Un autre vendeur, dans boutique, explique lui ne manger « plus que des céréales » matin, midi et soir « car c’est pas cher et vite avalé ». Un agent d’ac­cueil assure encore avoir perdu 15 kilos en deux mois depuis qu’il a été engagé. 

43,9 millions de dollars pour le PDG

Disney­land Resort est pour­tant loin d’être en diffi­culté. La fréquen­ta­tion du parc a bondi de 20% sur les dix dernières années, avec 27,2 millions de visi­teurs en 2016. Non content d’être radin envers ses employés, le parc se goinfre aussi avec les visi­teurs : le prix du billet d’en­trée a bondi de 91% en sept ans et un pass annuel (plus de 1000 dollars) repré­sente l’équi­valent d’un demi mois de salaire moyen aux Etats-Unis. Le groupe Disney a vu ses profits multi­pliés par six depuis 2000 et son PDG, Robert Iger, a empo­ché 43,9 millions de dollars de rému­né­ra­tion en 2016. Pour lui, Disney est vrai­ment un monde magique.
Par Céline Delu­zarche

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